Newsletter 03/10

L'Afrique du Sud de Georges Lory (Éditions Karthala)

Georges Lory est l'une des personnalités connaissant le mieux l'Afrique du Sud dont il suit l'évolution depuis plus de trois décennies.

Il est notamment le traducteur de Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature.

Il a séjourné en Afrique du Sud comme chercheur à l'université de Stellenbosch en 1974, et a été conseiller culturel à l'Ambassade de France de 1990 à 1994.

Aujourd'hui il réside à nouveau en Afrique du Sud comme délégué général des Alliances Françaises pour la région.

Dans son ouvrage, agréable à consulter, de 242 pages, il livre chapitre par chapitre toutes les clés historiques, géographiques, culturelles, économiques et sociales de l'Afrique du Sud, pays à entrées multiples, hôte de la Coupe du Monde de football au mois de juin 2010.

Données économiques et sociales de l'Afrique du Sud à la veille de la coupe du Monde de football.

Le grand défi de l'Afrique du Sud demeure l'existence d'inégalités au sein de la population en dépit de la création progressive d'une classe moyenne issue de la population noire défavorisée pendant l'apartheid.

Par son poids économique, obtenu grâce à une croissance soutenue jusqu'en 2007, l'Afrique du Sud est devenue la première puissance économique du continent africain. Elle fait donc figure de « locomotive de l'Afrique ».

Le gouvernement de l'ANC a mené depuis son arrivée au pouvoir une politique économique orthodoxe d'inspiration libérale, notamment une politique de modération budgétaire, approuvée par le FMI, qui a permis le rétablissement des grands équilibres macro-économiques (ralentissement de l'inflation, dette publique et déficit budgétaire maîtrisés). Cependant le chômage qui affecte plus de 28% de la population noire constitue une question majeure.

La situation économique a priori favorable a masqué les faiblesses structurelles du pays, qui ont été aggravées par la crise mondiale. Ainsi, le gouvernement a peiné à mettre en oeuvre des programmes à la hauteur des besoins en matière d'accès aux services de base, d'infrastructures, de lutte contre le Sida, de réduction des inégalités et de qualification de la main d'oeuvre.

Le taux de chômage demeure structurellement élevé malgré la forte croissance du PIB, ces dix dernières années, et la création de près de 2 millions d'emplois. L'emploi précaire et les bas salaires tendent à se développer, creusant toujours plus les inégalités héritées de l'apartheid.

L'autre iniquité est le taux de prévalence de 18% du SIDA, qui touche un adulte sur cinq, entraînant une diminution de 14 ans de l'espérance de vie depuis la fin de l'apartheid. Cette situation est combattue avec vigueur par le nouveau gouvernement depuis 2009.

Mais la nouvelle politique de santé doit, bien entendu, s'inscrire dans la durée.

L'Afrique du Sud est également confrontée à un niveau élevé de violence et de criminalité, induit par les disparités et la pauvreté.

Pour lutter contre les inégalités, le Gouvernement de l'ancien Président Mbeki avait lancé en 2004 un vaste programme de travaux d'infrastructures, d'investissements publics et de dépenses sociales, ainsi que de formation.

En 2008, l'Afrique du Sud a été en proie à une grave crise énergétique et à une inflation supérieure à 10%. Elle a été dans un premier temps moins exposée à la crise financière, en raison de l'existence d'une régulation plus restrictive des marchés financiers sudafricains. Néanmoins en raison de la baisse de la demande mondiale, elle est entrée en récession mais faible en 2009.

Jacob Zuma, élu président le 6 mai 2009, a promis à ses concitoyens, dans son discours sur l'état de la Nation le 12 février dernier, " une meilleure éducation, de meilleures infrastructures routières, un meilleur service de santé, un recul de la criminalité et plus d'emplois ", tout en avertissant que ces promesses ne se réaliseraient que dans quelques années.

Dans son discours devant le Parlement le 17 février dernier, le ministre des Finances a évoqué le défi structurel de l'économie en Afrique du Sud, rappelant qu'un adulte sur quatre est au chômage, que la moitié des jeunes est sans emploi, et que l'inégalité des revenus reste parmi les plus élevées du monde. Il a donc appelé à une transformation économique profonde. Il a invité ses concitoyens à déployer les mêmes efforts extraordinaires pour répondre à ces défis sociaux et économiques que ceux qui ont permis la livraison des stades à temps pour le déroulement de la grande fête sportive constituée par la coupe du monde de football 2010.

Le président sud-africain ajoute, pour sa part, que la coupe du Monde ne doit pas être un simple évènement sportif, mais un atout pour développer le pays.

Repères chiffrés sur l'Afrique du Sud

- Taux d'alphabétisation : 88% en 2008 (PNUD 2009)

- La population : 48,8 millions (FMI, 2008)

- Inégalités et héritage de l'apartheid (indice de GINI, classement mondial) : 0,578 (121ème sur 125)

- Part de la population vivant avec moins de 2 USD par jour : 34,1% (BM, 2007)

- Monnaie : Rand sud-africain (ZAR) (1 euro = 11,1 ZAR en décembre 2009 contre 13,1411 au 30 janvier 2009)

- PIB (Milliards USD courants) : 227,3 milliards en 2009, 280 milliards en 2008, 283 milliards en 2007 et 255 milliards en 2006 (FMI)

- Taux de croissance du PIB : 2009 : - 1,8% ; 2008 : 3,1% ; 2007 : 5,1% ; 2006 : 5,4% ; 2001-2007 : 4,2% (FMI)

- PIB/habitant (en dollars courants) : 2007 : 5 900 (FMI) (classé PRI : pays à revenu intermédiaire)

- Taux de chômage en 2009 : 24,50% (28,8% pour les Noirs, 4,8% pour les Blancs, 21,6% pour les Métis et 12,7% pour les Indiens et Asiatiques)

- Taux d'inflation : plus de 6% en 2009, 11,8% en 2008 : 7,1% en 2007

- Part des secteurs d'activité dans le PIB en 2007 : Agriculture : 2,8% ; industrie et mines : 31,2% et services : 66% (FMI)

- L'Afrique du Sud est le plus grand producteur et exportateur mondial d'or et de platine, ainsi que le 5ème producteur mondial de diamants. Elle possède 60% des réserves mondiales de charbon.

- Dette publique : (en % du PIB) : 25% en 2008, 30,2% en 2009

- Déficit budgétaire : (en % du PIB) : - 1,2% en 2008

- Solde de la balance commerciale : - 3,2 Milliards USD en 2008, - 5,7 Milliards USD en 2007