Repères sur l’histoire de l’Afrique du Sud

 L’un des berceaux de l’humanité

Il y a trois millions d’années, l’australopithèque africain, ancêtre de l’homo sapiens, vivait sur le territoire de l’actuelle Afrique du Sud, près de Taung, dans la partie centrale du pays et à Sterkfountein, non loin de Johannesburg.

Plus proche de nous, la présence de l’homo sapiens est attestée à Langebaan, sur la côte atlantique, au nord-ouest de la ville du Cap, par des traces de pas de 117.000 années.

Par ailleurs, à Blombos, à l’Est du Cap, au bord de l’océan indien, a été mise au jour la plus ancienne implantation humaine révélant une expression artistique, vieille de 75.000 années, comme en témoignent des boucles d’oreille en coquillage et un objet aux dessins géométriques incrustés d’ocre.

Des coquilles d’autruche striées par la main de l’homme, datant de la même époque, ont également été découvertes sur la côte atlantique nord.

Cette création se prolonge par un patrimoine de peintures pariétales millénaires que l’on peut observer notamment, dans le massif du Cedarberg, à l’ouest du Cap, et dans le Drakensberg, au nord-ouest de Durban.

L’art pariétal est l’œuvre des premiers habitants de l’Afrique australe, les Sans (ou khoisans) dont les silhouettes ornent le nouveau blason del’Afrique du Sud, introduit après 1994.

Aujourd’hui, l’université de Witwatersrand de Johannesburg héberge l’Origins Centre, inauguré en mars 2006, où est présenté cet héritage exceptionnel dont la mémoire est valorisée et la préservation regardée comme essentielle.

À compter du troisième siècle de notre ère, le patrimoine de l’Afrique du Sud s’est encore enrichi des apports des populations bantoues (Nedebele, Sothos, Tsongas, Tswanas, Vendas, Zulus) venues de régions situées plus au nord du continent.

La colonisation européenne

En 1488, le navigateur portugais Bartholomé Dias accostait près du Cap et ouvrait une voie maritime vers les Indes.

La compagnie des Indes orientales, basée à Amsterdam, décida en 1650 de créer, sur la route des ses comptoirs de l’Inde et de l’Insulinde, une escale au Cap. En son nom, le 6 avril 1652, Jan Van Riebek prit possession du Cap où une colonie de peuplement se développa à partir de 1680.

Quelques milliers de Hollandais auxquels s’associent, entre 1688 et 1700, 225 Huguenots français chassés par la révocation de l’Édit de Nantes forment cette colonie initiale aux frontières progressivement élargies.

L’extension territoriale se produisit au détriment des populations africaines dont le mode de vie pastoral se trouvera, dès cette époque, profondément affecté. Une grande partie de la population Khoisan sera décimée lors de combats de résistance et par la variole importée d’Europe.

A la fin du XVIIIe siècle, l’Afrique du Sud est soumise à la rivalité des puissances européennes. Ainsi, la Révolution française, à l’origine de la fondation de la République batave aux Pays-Bas, suscita en Grande Bretagne la crainte d’une intervention de la France au Cap dont la position géographique était importante pour la maîtrise des mers.

La première occupation britannique aura lieu de 1795 à. 1803. Celle-ci s’imposera de manière durable à partir de 1806.

La Grande Bretagne introduisit ses institutions judiciaires (1828) et parlementaires (1854), et mit en œuvre l’abolition de l’esclavage votée à Londres en 1833. Dans le même temps, la Grande Bretagne instaura une forte politique de peuplement et engagea des conquêtes territoriales provoquant des conflits armés contre les populations africaines, xhosas et zulus.

De nombreux Afrikaners, issus essentiellement de l’émigration hollandaises et huguenote, partiront, lors du grand Trek (1843-1838), vers le nord du pays, pour rechercher de nouvelles terres et se heurteront aux populations ndebele et zulus qu’ils combattront.

Les républiques fondées par les Afrikaners (ou boers), l’État libre d’Orange et le Transvaal entreront en conflit avec la Grande-Bretagne alors que les richesses minières du sous-sol sud-africain, notamment l’or découvert dans la région de Johannesburg en 1871, modifiaient les perspectives du développement du pays jusque là essentiellement fondé sur l’agriculture.

La guerre des boers (1899-1902) fut l’ultime affrontement qui opposa les troupes britanniques aux Afrikanders. Elle donna naissance à de nouvelles institutions qui associeront les anciens belligérants au sein de l’Union Sud-africaine en excluant la population noire de tous les organes représentatifs et en particulier du parlement siégeant au Cap.

Le rejet de l’apartheid

La création de l’Union Sud-africaine fut suivie par une la loi foncière de 1913 (Native Land Act) attribuant 87% des terres à la population d’origine européenne. Ce texte constitue le socle des politiques de discrimination menées, jusqu’au début des années 1990, contre la population noire majoritaire.

C’est en 1912 que le Congrès National Africain (ANC) est fondé pour défendre l’égalité entre tous les sud-africains. Il faudra attendre huit décennies avant que la règle de l’égalité soit inscrite dans la constitution. Nelson Mandela, membre de l’ANC sera intronisé président de l’Afrique du Sud le 10 mai 1994, après avoir été détenu pendant plus de vingt sept années d’août 1962 à février 1990, en raison de sa lutte contre le régime d’apartheid mis en place en 1948.

L’apartheid avait institutionnalisé, dans tous les domaines, une discrimination basée sur la théorie du « développement séparé » qui privait la grande majorité de la population, soit plus de 85% du pays, de ses droits fondamentaux. Ce régime organisait une ségrégation absolue au sein des zones d’habitation, dans le système scolaire, dans les stades, dans la vie professionnelle et interdisait les mariages mixtes.

Il réprima durement toute opposition interne, notamment dans les townships les cités périurbaines réservées aux noirs comme, en 1976, à Soweto.

Le régime de l’apartheid condamné par les Nations Unies fut l’objet d’un boycott international de plus en plus efficace qui contribua à sa disparition. À l’issue des premières élections au suffrage universel de 1994, la Commission Vérité et Réconciliation, présidée par Monseigneur Desmond Tutu, œuvra pour faire la lumière sur cette période dans un but de réconciliation nationale.

Depuis l’élection de Mandela auquel succéda Thabo Mbeki en 1999, l’Afrique du Sud est engagée dans des programmes de développement pour fournir aux populations les plus défavorisées un accès à l’eau courante, à l’électricité, au logement et à l’éducation.

Par ailleurs, la politique de Black Economic Empowerment (BEE) tend à promouvoir la présence des noirs à des niveaux de responsabilité au sein de toutes les entreprises.

Les grands enjeux de l’Afrique du Sud demeurent une violence élevée, legs de la fin de l’apartheid et une forte contamination par le VIH de la population la plus démunie dont l’accès aux médicaments s’appuie désormais sur une coopération internationale. Pour répondre à ces défis, une mobilisation de tous les acteurs publics et privés de l’Afrique du Sud s’est mise en place.

Les atouts sont ceux d’une démocratie réelle de 45 millions d’habitants dotée d’un pouvoir judiciaire indépendant et irriguée par une société civile active qui connaît depuis plusieurs années une croissance économique supérieure à celle de la moyenne européenne.

L’évolution de l’Afrique du Sud, hôte en 2010 la Coupe du monde de football, est soutenue par la communauté internationale.

Il est souvent tiré, du parcours accompli par l’Afrique du Sud, des enseignements pour la conduite des transitions démocratiques.