La lutte contre le VIH

Comité Français pour l'Afrique du Sud, février 2001

Selon le ministère de la Santé sud-africain, 4,2 millions de Sud-africains sont affectés par le VIH/SIDA sur une population de 40 millions de personnes.

 

Aujourd’hui après avoir subi une hausse considérable, le nombre de contaminations par le VIH/SIDA en Afrique du Sud connaît une relative stabilisation.

 

Le gouvernement sud-africain a choisi d’apporter une réponse globale impliquant tous les acteurs de la société. Chaque ministère comporte une équipe de spécialistes chargée d’élaborer et de mettre en œuvre toutes les interventions face au VIH/SIDA. Il est également recommandé à tous les autres acteurs (ONG, secteur privé...) de désigner un expert dans ce domaine.

 

Différentes structures publiques comme le National AIDS Council ou l’Interdepartemental Committee on AIDS existent tant au niveau national que provincial.

 

Sans réel soutien international, ces mesures ne suffiront pas résoudre l’immense défi auquel est confrontée l’Afrique du Sud

La maladie affecte davantage les jeunes, les Noirs et les plus démunis.

 

Le risque majeur provient du nombre élevé de femmes enceintes atteintes du VIH/SIDA qui ne suivent aucun traitement de nature à éviter la transmission à leur enfant. En 1999, 22,4% des femmes enceintes étaient affectées par le VIH/SIDA contre seulement 0,7% en 1990. Cette progression a été l’une des plus rapides à l’échelle mondiale.

 

A cet égard, les inégalités sont considérables selon les régions: 7,1% des femmes enceintes sont touchées dans la province de West Cape contre 32% dans la province du KwaZulu Natal.

 

Les prévisions du ministère de la Santé indiquent pour 2005 le chiffre d’un million d’enfants sud-africains de moins de 15 ans dont la mère sera décédée du SIDA. En vue de mettre fin à cette tragédie qui présente, en outre, de graves risques pour l’économie, l’Afrique du Sud a financé un traitement AZT (zidovudine) de courte durée prévenant la transmission du VIH au nouveau-né. Ce type de molécule permet de diminuer de moitié le risque de transmission chez les populations ne pratiquant pas l’allaitement.

 

En outre le gouvernement sud-africain tente de remédier à la contamination liée à l’allaitement. En effet, un tiers des mères séropositives transmettent le virus à leur enfant en l’allaitant.

Plusieurs mesures ont été prises. En premier lieu, la Nevirapine qui permet de prévenir la transmission mère-enfant du VIH, sera prochainement disponible à titre gratuit dans toutes les provinces d’Afrique du Sud au profit des femmes enceintes contaminées.

 

D’autre part, le gouvernement et les neuf provinces proposent comme solution de fournir du lait en poudre aux enfants dont la mère est touchée par le virus. Cependant, cette action ne peut être efficace que si l’on favorise dans toutes les provinces l’accès à l’eau potable. L’aide internationale est ici encore nécessaire.

 

Comité Français pour l'Afrique du Sud, février 2001

Selon le ministère de la Santé sud-africain, 4,2 millions de Sud-africains sont affectés par le VIH/SIDA sur une population de 40 millions de personnes.

 

Aujourd’hui après avoir subi une hausse considérable, le nombre de contaminations par le VIH/SIDA en Afrique du Sud connaît une relative stabilisation.

 

Le gouvernement sud-africain a choisi d’apporter une réponse globale impliquant tous les acteurs de la société. Chaque ministère comporte une équipe de spécialistes chargée d’élaborer et de mettre en œuvre toutes les interventions face au VIH/SIDA. Il est également recommandé à tous les autres acteurs (ONG, secteur privé...) de désigner un expert dans ce domaine.

 

Différentes structures publiques comme le National AIDS Council ou l’Interdepartemental Committee on AIDS existent tant au niveau national que provincial.

 

Sans réel soutien international, ces mesures ne suffiront pas résoudre l’immense défi auquel est confrontée l’Afrique du Sud

La maladie affecte davantage les jeunes, les Noirs et les plus démunis.

 

Le risque majeur provient du nombre élevé de femmes enceintes atteintes du VIH/SIDA qui ne suivent aucun traitement de nature à éviter la transmission à leur enfant. En 1999, 22,4% des femmes enceintes étaient affectées par le VIH/SIDA contre seulement 0,7% en 1990. Cette progression a été l’une des plus rapides à l’échelle mondiale.

 

A cet égard, les inégalités sont considérables selon les régions: 7,1% des femmes enceintes sont touchées dans la province de West Cape contre 32% dans la province du KwaZulu Natal.

 

Les prévisions du ministère de la Santé indiquent pour 2005 le chiffre d’un million d’enfants sud-africains de moins de 15 ans dont la mère sera décédée du SIDA. En vue de mettre fin à cette tragédie qui présente, en outre, de graves risques pour l’économie, l’Afrique du Sud a financé un traitement AZT (zidovudine) de courte durée prévenant la transmission du VIH au nouveau-né. Ce type de molécule permet de diminuer de moitié le risque de transmission chez les populations ne pratiquant pas l’allaitement.

 

En outre le gouvernement sud-africain tente de remédier à la contamination liée à l’allaitement. En effet, un tiers des mères séropositives transmettent le virus à leur enfant en l’allaitant.

Plusieurs mesures ont été prises. En premier lieu, la Nevirapine qui permet de prévenir la transmission mère-enfant du VIH, sera prochainement disponible à titre gratuit dans toutes les provinces d’Afrique du Sud au profit des femmes enceintes contaminées.

 

D’autre part, le gouvernement et les neuf provinces proposent comme solution de fournir du lait en poudre aux enfants dont la mère est touchée par le virus. Cependant, cette action ne peut être efficace que si l’on favorise dans toutes les provinces l’accès à l’eau potable. L’aide internationale est ici encore nécessaire.

 

Le concours de la France et de l’Union européenne dans la fourniture de soins

 

La France, conformément aux engagements qu’elle a pris lors de la conférence de Durban de juillet 2000 et au sein de l’Union européenne, devra renforcer son soutien à l’Afrique du Sud dans ses actions en faveur de l’aide aux malades.

 

Par ailleurs, l’information et la prévention demeurent essentielles, en particulier au profit des jeunes. Ces derniers représentent la partie de la population la plus vulnérable mais aussi les forces économiques présentes et futures du pays.

 

Il sera souligné que l’Agence Française de Développement participe au financement de la modernisation des instituts techniques universitaires (Technikons) les plus défavorisés en incluant un programme de prévention pour les étudiants.

 

Au titre de l’aide au développement, la Commission européenne accorde à l’Afrique du Sud 4,3 millions d’euros dans le domaine de la santé. Pour sa part, la France a inclus l’Afrique du Sud dans sa Zone de Solidarité Prioritaire.

 

Or, selon l’ONUSIDA, le coût estimé des trithérapies, à ce jour le traitement le plus efficace dispensé notamment en Europe, s’élève à 40 milliards de dollars US par an, ce qui équivaut à 90.000 dollars US par an et par personne. L’Afrique du Sud ne peut faire face seule à de telles dépenses.

 

Dès lors, un effort important des donateurs internationaux est à assurer.

 

Assouplir les règles relatives à la propriété industrielle

 

En dépit de ses handicaps, l’Afrique du Sud reste le seul pays africain ayant la possibilité de produire des médicaments de haute qualité. Toutefois, cette opportunité est entravée par les règles trop rigoureuses de protection de la propriété industrielle de l’OMC invoquées par les laboratoires et auxquelles est soumise l’Afrique du Sud depuis l’année 2000.

 

La France doit, au sein de l’Union européenne, encourager l’introduction dans les accords ADPIC (TRIPS) de l’OMC de clauses de flexibilité donnant la faculté à l’Afrique du Sud et aux pays en développement de recourir aux licences obligatoires ou, dans certains cas, aux importations parallèles.

 

En effet, selon l’article 31 de l’ADPIC, l’octroi de licences obligatoires a lieu sans le consentement du détenteur du brevet pour divers motifs d’intérêt général, notamment lorsqu’est en jeu la santé publique. Ce mécanisme autorise les Etats à prendre des mesures législatives afin d’éviter les abus qui pourraient résulter du droit exclusif attaché au brevet.

 

Les importations parallèles, sur le territoire d’un Etat, émanent d’autres personnes que le titulaire du brevet ou son licencié et permettraient à l’Afrique du Sud d’acheter des traitements moins chers.

 

Instaurer une différence de prix dans la vente des médicaments

 

L’expérience acquise avec les vaccins et les contraceptifs a montré qu’il était possible d’instaurer une importante différence de prix entre les pays industrialisés et les pays en développement.

 

Le coût du traitement du VIH/SIDA est un élément essentiel des politiques de santé. A cet égard, des exemples montrent que celui-ci peut être abaissé de 70% par rapport au prix moyen du marché mondial.

 

Il convient donc d’encourager les laboratoires pharmaceutiques à appliquer des prix différenciés.

 

La France, en sa qualité de membre de l’Union européenne, aura également à examiner l’impact des droits et taxes à l’importation sur le prix du médicament. En effet, une grande partie du prix du médicament peut être constituée par les droits d’importation et les taxes.

 

Aider la recherche et la prévention

 

Aujourd’hui, l’hypothèse de virus résistants a été mise en lumière.

 

La recherche d’un vaccin contre le SIDA doit être davantage favorisée.

 

Actuellement, les sommes consacrées à cette recherche sont dix fois inférieures à celles destinées à l’achat des médicaments, car celle-ci paraît peu rentable. La plupart des personnes contaminées vivent en Afrique et ne disposent pas des ressources nécessaires pour acheter un tel vaccin.

 

La France conduirait cette action à travers ses laboratoires, l’Agence Nationale de Recherche sur le SIDA française, ou en finançant des organismes tels que le IAVI (International AIDS Vaccine Initiative), organisation scientifique internationale à but non-lucratif.

 

Il sera souligné le rôle primordial de l’Agence Nationale de Recherche sur le SIDA dont l’action en Afrique du Sud ne semble pas avoir encore été développée.

 

La France peut également encourager la conclusion d’accords entre ses laboratoires et l’Afrique du Sud, à l’image de l’entente passée avec le groupe pharmaceutique américain Pfizer pour la fourniture gratuite pendant deux ans de flucanazole, médicament permettant de lutter contre certaines maladies opportunistes liées au SIDA.

 

Il serait utile que la France, par ailleurs, participe à plusieurs programmes de prévention de la transmission du VIH/SIDA similaires à celui adopté entre le Fond de Solidarité Thérapeutique International (FSTI) et l’hôpital sud-africain de Baragwanath, le plus grand hôpital de Soweto.

 

Ce dernier projet d’un montant de 12 millions de francs, qui doit être mis en place dès le début de l’année 2001, concrétise notamment un soutien financier pour l’équipe médicale sur place, très performante et reconnue au plan mondial. Enfin, la transformation nécessaire du système de santé sud-africain, construit de manière largement discriminatoire au temps de l’apartheid, est à encourager.

 

L’aide de la France et de l’Union européenne à la réhabilitation des structures sanitaires

 

La première évaluation des moyens de santé en Afrique du Sud réalisée en 1996 sur près de 434 hôpitaux et 108 centres communautaires de santé a révélé qu’un tiers des structures devait être totalement remplacé. Cette opération a été estimée à 12 milliards de francs.

Les 4.352 centres de santé sud-africains doivent prendre en charge plus de 4,2 millions de malades. Cette proportion est considérable et suscite de multiples difficultés. Ainsi, à Johannesburg, le nombre élevé de patients touchés par le VIH (40%) a empêché beaucoup d’autres malades d’avoir accès à un traitement étranger au SIDA.

Selon le ministre de la Santé, Madame Tshabalala-Msimang, parmi les 724 cliniques rurales d’East Cape, 194 ne sont pas accessibles par des véhicules ordinaires, 167 ne possèdent pas l’électricité et 197 n’ont pas de téléphone. Ainsi, l’Afrique du Sud a lancé un programme sur cinq ans (1999-2004) pour développer l’accès aux soins, en particulier dans les zones rurales, et améliorer leur qualité. Ce plan prévoit le renforcement de la coopération internationale. La France se doit de soutenir cette initiative.

 

Dans la province d’East Cape, 106 cliniques seront prochainement reliées à l’électricité, et 61 en bénéficieront au titre du programme national d’électrification conduit par le Ministère des Ressources et de l’Energie. En outre, des radios vont être fournies aux cliniques privées de téléphone dans l’attente de la mise en œuvre du projet de Telekom qui pourvoira aux installations téléphoniques.

 

Par ailleurs, depuis 1994, le gouvernement sud-africain conduit une politique visant à réorganiser les grands hôpitaux urbains au profit des cliniques et des centres de santé, notamment dans les régions rurales. Ces derniers ont l’avantage d’être plus adaptés aux premiers soins et d’un moindre coût.

 

A cet égard, le SIDA constitue une menace très sérieuse pour l’équilibre des structures rurales; déstabilise les systèmes agricoles, affecte la situation nutritionnelle et la sécurité alimentaire des familles rurales et augmente le nombre de personnes à charge.

 

L’épidémie risque d’anéantir tous les progrès accomplis en matière de développement agricole et rural.

 

La France pourra, en particulier, accroître les actions de l’Agence Française de Développement (AFD) pour financer la mise en place d’infrastructures sanitaires, spécialement dans les zones les plus défavorisées.

 

La France et l’Union européenne auront à mobiliser et à accompagner de manière plus forte et plus rapide tous les moyens disponibles en faveur de la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique du Sud. La coopération avec la nouvelle Afrique du Sud doit se manifester prioritairement dans ce domaine.