Né en 1928 en Grèce, George Bizos, Senior Counsel au barreau d'Afrique du Sud est un avocat de renommée internationale. Il fut jeune adolescent, un héros dans son pays d'origine. En 1941, il fait acte de bravoure contre l'occupant nazi en sauvant sept soldats néo-zélandais qu'il emmène dans une petite barque de pêcheurs pour tenter de traverser la méditerranée. Recueilli par un navire britannique, il arrivera en Égypte et atteindra ensuite, comme réfugié, le port de Durban en Afrique du Sud, sur un bateau français, l'Ile de France.
Après la guerre, à la faculté de droit de Witvatersrand de Johannesburg, il remarque un étudiant militant noir, son ainé, dont la personnalité impressionne chacun, Nelson Mandela. A l'université, George Bizos est très tôt considéré comme un radical ! En effet, il soutient avec succès que les étudiants noirs doivent participer au dîner annuel dont ils étaient jusqu'alors rejetés.
George Bizos devenu avocat sera ensuite mêlé à tous les combats judiciaires de Nelson Mandela qui avait ouvert en 1953, avec Olivier Tambo, le premier cabinet d'avocats noirs d'Afrique du Sud. Alors que Nelson Mandela était interdit de plaider par un juge qui exigeait qu'il produise sur le champ son certificat professionnel, il obtiendra l'annulation de cette décision par la Cour suprême.
George Bizos est présent dans le procès de haute trahison de 1961, où contre toute attente pour le gouvernement de l'apartheid, est prononcé l'acquittement de tous les accusés parmi lesquels se trouve Nelson Mandela. Il sera encore au cœur de la défense en 1963-1964 dans le procès Rivonia. Le grand procès du XXe siècle dont les enjeux étaient triples :
- Un enjeu judiciaire : la peine de mort y était requise en particulier contre Nelson Mandela, l'accusé n°1.
- Un enjeu démocratique : l'avenir de l'Afrique du Sud se jouait alors. Le plaidoyer de Nelson Mandela pour une société démocratique, accordant les mêmes droits pour tous, dominait les débats.
- Un enjeu international : la place de l'ONU dans la résolution des conflits allait s'affirmer. Ainsi, le conseil de sécurité de Nations Unies adoptera avant le verdict une résolution spéciale en faveur d'une amnistie.
À la dernière minute, George Bizos ajoutera au plaidoyer final de Nelson Mandela, qui indiquait être prêt à mourir pour son idéal de démocratie, les mots « si cela est nécessaire ». Ce fut peut-être décisif.
La peine capitale ne sera pas retenue. Ce sera la détention à perpétuité. Plus de 27 années d'emprisonnement pour Mandela avant sa libération, le 11 février 1990. Nelson Mandela deviendra Président de l'Afrique du Sud, le 10 mai 1994.
George Bizos, sera en 1995, l'avocat qui fera abolir la peine de mort par la nouvelle Cour constitutionnelle. C'était la première affaire dont celle-ci était saisie. Il poursuit son action en dehors de l'Afrique du Sud. En 2005, il défend à Harare, au Zimbabwe, le leader de l'opposition Tsangirai et obtient son acquittement. Celui-ci est aujourd'hui premier ministre dans un partage du pouvoir avec le président Mugabe et un espoir est entrevu. Aujourd'hui, George Bizos travaille en particulier auprès du Legal Resources Centre, association fondée pendant l'apartheid qui aide bénévolement les populations démunies d'Afrique du Sud pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.