Conférence 25 mai 2010 : Nelson Mandela et la transition démocratique

La rencontre du 25 mai 2010 organisée par le Comité Français pour l'Afrique du Sud au Sénat a honoré George Bizos, défenseur de Nelson Mandela, qui a reçu de Robert Badinter, sénateur, ancien président du Conseil constitutionnel, la médaille de l'abolition de la peine de mort.

Cette manifestation a eu lieu en présence des deux ambassadeurs de France en fonction lors de la transition démocratique, Madame Joëlle Bourgois et Monsieur Tristan d'Albis.

Introduite par Yves Laurin, président du Comité - qui a rappelé avec Dominique Sopo, président de SOS Racisme, le souvenir de Dulcie September représentante de l'ANC assassinée en 1988 à Paris- cette réunion a rassemblé plus d'une centaine de personnes, membres du corps diplomatique et du Sénat, journalistes, universitaires, magistrats, avocats et amis de l'Afrique du Sud.

Monsieur Linda Maso, conseiller à l'Ambassade d'Afrique du Sud intervint également pour saluer l'initiative du Comité. Madame Frances Suzman Jowell, à la mémoire de sa mère, Helen Suzman, a reçu le prix 2010 du Comité Français pour l'Afrique du Sud sur lequel George Bizos apposa sa signature.

George Bizos et Frances Suzman Jowell évoquèrent les grandes pages de la transition démocratique qui se poursuit en Afrique du Sud. Le film du réalisateur Joël Calmettes « Nelson Mandela au nom de la liberté » clôtura la rencontre

La rencontre du 25 mai 2010 organisée par le Comité Français pour l'Afrique du Sud au Sénat a honoré George Bizos, défenseur de Nelson Mandela, qui a reçu de Robert Badinter, sénateur, ancien président du Conseil constitutionnel, la médaille de l'abolition de la peine de mort.

Cette manifestation a eu lieu en présence des deux ambassadeurs de France en fonction lors de la transition démocratique, Madame Joëlle Bourgois et Monsieur Tristan d'Albis.

Introduite par Yves Laurin, président du Comité - qui a rappelé avec Dominique Sopo, président de SOS Racisme, le souvenir de Dulcie September représentante de l'ANC assassinée en 1988 à Paris- cette réunion a rassemblé plus d'une centaine de personnes, membres du corps diplomatique et du Sénat, journalistes, universitaires, magistrats, avocats et amis de l'Afrique du Sud.

Monsieur Linda Maso, conseiller à l'Ambassade d'Afrique du Sud intervint également pour saluer l'initiative du Comité. Madame Frances Suzman Jowell, à la mémoire de sa mère, Helen Suzman, a reçu le prix 2010 du Comité Français pour l'Afrique du Sud sur lequel George Bizos apposa sa signature.

George Bizos et Frances Suzman Jowell évoquèrent les grandes pages de la transition démocratique qui se poursuit en Afrique du Sud. Le film du réalisateur Joël Calmettes « Nelson Mandela au nom de la liberté » clôtura la rencontre

Le défenseur de Nelson Mandela, George Bizos

Né en 1928 en Grèce, George Bizos, Senior Counsel au barreau d'Afrique du Sud est un avocat de renommée internationale. Il fut jeune adolescent, un héros dans son pays d'origine. En 1941, il fait acte de bravoure contre l'occupant nazi en sauvant sept soldats néo-zélandais qu'il emmène dans une petite barque de pêcheurs pour tenter de traverser la méditerranée. Recueilli par un navire britannique, il arrivera en Égypte et atteindra ensuite, comme réfugié, le port de Durban en Afrique du Sud, sur un bateau français, l'Ile de France.

Après la guerre, à la faculté de droit de Witvatersrand de Johannesburg, il remarque un étudiant militant noir, son ainé, dont la personnalité impressionne chacun, Nelson Mandela. A l'université, George Bizos est très tôt considéré comme un radical ! En effet, il soutient avec succès que les étudiants noirs doivent participer au dîner annuel dont ils étaient jusqu'alors rejetés.

George Bizos devenu avocat sera ensuite mêlé à tous les combats judiciaires de Nelson Mandela qui avait ouvert en 1953, avec Olivier Tambo, le premier cabinet d'avocats noirs d'Afrique du Sud. Alors que Nelson Mandela était interdit de plaider par un juge qui exigeait qu'il produise sur le champ son certificat professionnel, il obtiendra l'annulation de cette décision par la Cour suprême.

George Bizos est présent dans le procès de haute trahison de 1961, où contre toute attente pour le gouvernement de l'apartheid, est prononcé l'acquittement de tous les accusés parmi lesquels se trouve Nelson Mandela. Il sera encore au cœur de la défense en 1963-1964 dans le procès Rivonia. Le grand procès du XXe siècle dont les enjeux étaient triples :

- Un enjeu judiciaire : la peine de mort y était requise en particulier contre Nelson Mandela, l'accusé n°1.

- Un enjeu démocratique : l'avenir de l'Afrique du Sud se jouait alors. Le plaidoyer de Nelson Mandela pour une société démocratique, accordant les mêmes droits pour tous, dominait les débats.

- Un enjeu international : la place de l'ONU dans la résolution des conflits allait s'affirmer. Ainsi, le conseil de sécurité de Nations Unies adoptera avant le verdict une résolution spéciale en faveur d'une amnistie.

À la dernière minute, George Bizos ajoutera au plaidoyer final de Nelson Mandela, qui indiquait être prêt à mourir pour son idéal de démocratie, les mots « si cela est nécessaire ». Ce fut peut-être décisif.

La peine capitale ne sera pas retenue. Ce sera la détention à perpétuité. Plus de 27 années d'emprisonnement pour Mandela avant sa libération, le 11 février 1990. Nelson Mandela deviendra Président de l'Afrique du Sud, le 10 mai 1994.

George Bizos, sera en 1995, l'avocat qui fera abolir la peine de mort par la nouvelle Cour constitutionnelle. C'était la première affaire dont celle-ci était saisie. Il poursuit son action en dehors de l'Afrique du Sud. En 2005, il défend à Harare, au Zimbabwe, le leader de l'opposition Tsangirai et obtient son acquittement. Celui-ci est aujourd'hui premier ministre dans un partage du pouvoir avec le président Mugabe et un espoir est entrevu. Aujourd'hui, George Bizos travaille en particulier auprès du Legal Resources Centre, association fondée pendant l'apartheid qui aide bénévolement les populations démunies d'Afrique du Sud pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.

L'hommage à Helen Suzman

Quel courage, quelle détermination déploya Helen Suzman, parlementaire d'opposition à l'apartheid pendant 36 ans ! Porte parole, dans ce parlement bunker de l'apartheid, des prisonniers politiques et de Nelson Mandela. Refusant de voter les lois ignominieuses de cette période. Elle présenta des projets de loi pour l'abolition de la peine de mort, ce qui ne manquait pas de témérité.

Helen Suzman fut même pendant quelques années la seule femme et la seule opposante au sein du parlement de l'apartheid. Engagée de manière totale pour les valeurs de la démocratie et l'application de la règle de droit, elle rendait visite au pénitencier de Robben Island aux prisonniers et réussissait à faire améliorer leurs conditions effroyables de détention en s'imposant face aux autorités. Nelson Mandela raconte dans ses mémoires qu'Helen Suzman lorsqu'elle apparaissait à Robben Island apportait « un moment de grâce ».

Son engagement auprès des populations de townships fut également remarquable. Nelson Mandela demanda à ce qu'elle fut à ses côtés lors de la signature de la nouvelle constitution. C'est toute la nation sud-africaine qui fut en deuil lorsqu'elle décéda l'an dernier. Les drapeaux furent mis en berne. Tous les partis s'inclinèrent à sa mémoire autour du Président de la République.

Aujourd'hui sa fondation poursuit son œuvre. L'Afrique du Sud a été éclairée par des personnalités comme celle d'Helen Suzman qui demeure une référence d'exception. Aujourd'hui, la place des femmes sud-africaines qui représentent près de la moitié des parlementaires est un exemple pour la France.

Des organisations à soutenir

Trois sites peuvent être consultés afin d'adresser des contributions et des aides utiles :

- le site de la Fondation Nelson Mandela : www.nelsonmandela.org

- le site de la Fondation Helen Suzman : www.hsf.org.za

- le site du Legal Resources Centre : www.lrc.org.za auprès duquel travaille George Bizos

La transition démocratique qui inspire l'œuvre de Nelson Mandela s'inscrit dans les projets concrets de ces trois grandes organisations. Ce sont des relais essentiels de la démocratie, des modèles pour les pays européens.